Thursday, December 6, 2007

Chapitre effacé

Dans sa version présentée à l’éditeur, le manuscrit comptait une trentaine de pages supplémentaires. Il s’agissait d’un pont entre le soir du 9 janvier 1998, lorsque le verglas cesse, et le dernier chapitre, neuf ans plus tard. Il s’est successivement intitulé « Un dernier pour la route », « Que sont-ils devenus? » puis « Épilogue de rêve ».
Encore aujourd’hui, je considère qu’il proposait les moments les plus drôles du livre. Mais je me suis cependant résolu à ne pas le faire figurer dans la version finale du manuscrit… Dans le cinéma, on dit qu’un « bon » scénariste est celui qui sait écrire, mais qu’un « très bon », est celui qui sait supprimer une scène ou un passage qu’il aime parce qu’il ne rend pas service à l’histoire.
Cette décision fut cependant très difficile à prendre…
Dès les premières lectures du manuscrit par mes amis, deux opinions sont ressorties à propos de ce chapitre. D’un côté, on aimait, voire on adorait. De l’autre on prétendait que l’histoire s’emballait, trop de bonheur, à en devenir insupportable… incroyable?

J’en ai beaucoup parlé avec mon éditeur André Gagnon. Jamais il ne m’a proposé de le supprimer. Mais il s'est bien privé de m’affirmer qu’il était essentiel à l’histoire…

Je me suis alors demandé pourquoi avoir écrit ce chapitre.
La réponse fut vite trouvée : je ne voulais pas quitter mes personnages!

J’ai vécu avec mon narrateur, Julie, Boris, Alex, Alexis, Simon, Michel, Martin, Anne et Pipo durant plusieurs mois. Du matin au soir, du soir au matin, sous la douche, en m’endormant, en promenant le chien, chez mes amis, au cinéma, devant le hockey, et à mon grand regret, dans trop de moments durant lesquels mes proches me savaient absent, je pensais à eux, sous le verglas. J’étais tellement proche d’eux que de ne plus m’intéresser à leurs histoires me paraissait inconcevable. Alors, bien que l’histoire ait été terminée, je me suis lancé dans ce long chapitre en y commettant toutes les erreurs à ne pas commettre…
Tout d’abord, mon histoire a changé de ton. Durant toute la phase d’écriture, j’ai voulu rester pudique, sensible, tout en douceurs. Dans ce chapitre, j’ai abusé de l’effet comique au détriment de la courbe des personnages, et surtout j'ai abusé d'allusions au sexe (Boris et Julie passant le Doctorat en Alberta en étant le « fleuron »). Par ailleurs, j’ai commis l’erreur de me lancer dans de la politique-fiction. J’ai évoqué André Boisclair, puis Pauline Marois, sans jamais envisager que la situation politique prévalant en aout 2006 pourrait être totalement revue en octobre 2007...

Ce chapitre n’est passé que dans les mains d’un seul correcteur. Il se peut que des coquilles, ou fautes persistent.

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